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chez les jésuites

du coche, insolent, médiocre et tâtillon qu’on nomme les Augustins de l’Assomption.

La cloche sonnant la fin de la leçon, on s’agenouilla pour la prière ; au signe de croix, le préfet parut et fit signe à Samas ; il l’entraîna vers le surveillant des moyens, qui traversait la cour.

— « Père Curlet, voici une nouvelle brebis à garder. »

L’interpellé, trapu, à l’œil vif, au gros nez, aux mains courtes, fit bel accueil, paternel et riant.

La division sortait de poser ses livres dans l’étude et serpentait deux à deux, attendant le coup de clochette pour rompre les rangs.

Auparavant la division des grands devait traverser la cour allant au gymnase.

Samas ne vit pas le clin d’yeux échangé par le préfet et le surveillant ; mais il rougit, en sentant les regards des philosophes et des humanistes, il rougit comme la femme qui se sent trop désirée, trop déshabillée par des regards : et recula d’abord, s’abritant derrière le père Curlet ; puis une autre impression succéda immédiate, d’orgueil : il se sentit maître, lui, le gamin, de tous ces jeunes hommes à moustaches, à barbe déjà floconnante.

Les grands avaient passé ; la clochette sonna la rupture des rangs ; les moyens coururent vers Samas, curieusement ; lui, aveugle et sourd, rêvait une émotion étrange.

Quelle force cachée à lui-même enfermait-il ? Pour-