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l’androgyne

au dernier banc près d’une fenêtre ouvrant sur le jardin.

— « Romains, voici un aide que je vous donne. » Et à Samas : « Pour aujourd’hui, ne faites que vous familiariser avec la classe. » Il se remit à dicter.

Mais celui qui répétait les membres de phrase bafouilla ; plusieurs demandèrent qu’on répétât : l’inattention devint telle que le régent menaça d’arrêts et de retenues.

Sous ce pétillement de curiosité, Samas éprouva un malaise inexprimable, et cependant nul ne témoignera contre l’esprit de bonté et de sollicitude qui veille dans tous les pensionnats de jésuites. Non seulement la brimade y est inconnue, mais toute vexation, même la plaisanterie blessante, ne sont pas tolérées par les Pères ; tandis que les classes de l’Université sont des hordes de petits sauvages, méchants, blagueurs et grossiers, les cours des jésuites ne renferment rien de brutal ou de laid.

Pendant les récréations et les promenades, l’âme d’un collège se révèle ; le lycée achève à coups de pierre le chien qui se noie, hue l’Oriental qui passe grandiosement, détruit, salit sous l’œil indifférent d’un déclassé en révolte contre son destin ; le collège religieux est manié par des psychologues aimant leur mandat, dont toute l’activité converge à la surveillance et forcés de s’y intéresser sous peine d’inintérêt dans leur vie immodifiable.

Ceci ne doit pas s’entendre d’un ordre de mouches