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chez les jésuites

vie de collège c’est la vie sociale réduite, il ne faut se lier à rien ni à personne, afin de rester sensible à tout ce qui apparaît beau et bon en chacun. Je ne parle pas souvent sur ce ton, mon enfant, vous le devinez ; j’espère avoir été compris ? Je me flatte d’être écouté. »

D’une voix un peu roucoulante, d’une voix à peine rauque et qui troublait, l’enfant :

— « Vous serez obéi, mon Père, si j’ai compris ? »

À cette réticence, le jésuite fit un imperceptible mouvement : il se tut pourtant et ouvrit la porte des quatrièmes.

Une vingtaine d’élèves écrivaient la version dictée du haut d’une chaire par un Père au visage émacié et dur.

Sur le mur de chaque côté de la chaire, divisant la classe en deux camps, des écussons bleus portaient en lettres d’or : Pœni, Romani, moyens d’émulation soulignés par une couronne de papier doré qui à ce moment ornait le pan de droite ou des Carthaginois.

— « Romains, prenez votre revanche cette fois, » disait le professeur, interrompant sa dictée pour éperonner la gauche au moment où le préfet entra, suivi du nouveau.

— « Je vous présente, mon Père, un nouvel élève, Samas : la meilleure volonté, il l’a promise ; et vous, mes enfants, le plus cordial accueil vous le ferez à ce nouveau condisciple. »

Le préfet sortit aussitôt.

Descendu de sa chaire, le professeur conduisit