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l’androgyne

VI

Tu l’appelais jadis Adonis ou Tammuz. Avant Mozart tu fus Alcibiade : chrysalide idéale d’où jaillirent les anges et d’où les hommes tombent au viril inférieur, aux mâletés des larves. Ô forme si parfaite que Dieu l’a consacrée comme le vêtement de l’éternelle fête ! Los à Lot !

Tu t'appelais pour Platon, Diotime : Sapho, Hypathia, abbesse de Gandersheim, Hroisvitha, le désignaient, Polyonime, dont la gloire est formée par le prisme complet des nuances mortelles, éclairées de pérennité.

Ô grâce si sereine que Dante a pu, par trois élans, monter aux nues. Ô dame de beauté, de sagesse et de gloire, Walkyrie du Whalhala chrétien ! ô Béatrice ! Los à toi !

VII

Éros intangible, Éros uranien, pour les hommes grossiers des époques morales tu n’es plus qu’un péché infâme ; on l’appelle Sodome, célesle contempteur de toute voluplé. C’est le besoin des siècles hypocrites d’accuser la Beauté celle lumière vive, de la ténèbre aux cœurs vils contenue. Garde ton masque monstrueux qui te défend du profane ! Los à toi !

Anteros, ô guérisseur des banales tendresses, alchimiste puissant du désir imparfait, Athanor du grand