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taux, comme étant, eux seuls, ces points de discernement où un lecteur averti attend une œuvre et un homme.

Combien tout cela n’est-il pas plus vrai encore, et plus vérifié, non plus des passages, mais des quelques œuvres où Renan fait presque profession de nous dire, de nous dévoiler, de nous révéler un peu de ce qu’il pense, de ce qu’il arrière-pense, dans ses dialogues et fragments philosophiques, dans ses drames, et notamment, montant de degré en degré, dans ses certitudes, probabilités, rêves ; car on ne s’y est point laissé tromper, ici non plus, et sous les déguisements décroissants des personnages, ce sont quelques-unes de ses arrière-pensées qui se démasquent de plus en plus, à des plans de niveaux de plus en plus élevés, le supérieur devenant inférieur à son tour à mesure qu’il avance et qu’il monte et cédant aussitôt à un supérieur encore, et loin que ce soient les certitudes qui décroissent, au contraire ce sont les certitudes qui croissent de certitudes en probabilités et de probabilités en rêves. Je défie qui que ce soit, non catholique, non ancien catholique, et généralement non chrétien, et antérieurement ou subsidiairement non juif, d’entendre rien, d’intercepter quoi que ce soit, comme moderne, lisant comme moderne, enfin ne recueillant qu’au titre de moderne, à ces œuvres confessionnelles.

Et, d’ailleurs, comme on reconnaît aisément que ces œuvres véritablement confessionnelles sont en fin les œuvres de la confession propre de Renan.

Le style même : il y a dans toute l’œuvre de Renan des phrases, des mots, des formes de phrases, des