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pruntait à quelque vieux cantique de saint François, comme les disciples d’un musicien reproduisent dans une suite de variations le motif donné par le maître. En poussant plus loin cette conjecture, on pourrait retrouver le thème primitif dans le. dialogue suivant, que je détache du poëme[1].

L’Âme ou François :

« Que nul donc ne me reprenne, si l’amour me fait aller semblable à un fou ! Il n’y a plus de cœur qui se défende, qui échappe à un tel amour. Car le ciel et la terre me crient et me répètent hautement, et tous les êtres que je dois aimer me disent Aime l’amour, qui nous a faits pour t’attirer à lui... »

Le Christ :

« Mets l’ordre dans ton amour, si tu m’aimes. La vertu ne réside que dans l’ordre, et toutes les choses que j’ai créées sont faites avec nombre et mesure, toutes sont ordonnées à leur fin dernière. Comment donc par trop d’ardeur es-tu

  1. Saint Bernardin, Opera, t. IV, sermon 16. Jacopone, l. VI, c. XVI. Il s’agit du cantique qui commence en ces termes :

    Amor de caritate,
    Perchè m’hai si ferito ?
    Lo cor tutto partito,
    E arde per amore.