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Mais Venise a pour le pontife proscrit autre chose que des hommages ; elle envoie une ambassade à l’empereur, qui rejette toute proposition. Il veut qu’on lui livre Alexandre pieds et poings liés, et ordonne a Otton, son fils, de portèr la sommation à la tête de soixante et quinze galères. Les Vénitiens arment de leur côté ils ne comptent que trente-cinq navires, mais montés par des hommes d’élite accoutumés à la mer s’ils ont contre eux le nombre, ils ont pour eux le bon droit.

La bataille est terrible et la victoire décisive. Le doge rentre dans Venise, ramenant le jeune prince prisonnier. L’empereur cède enfin. Au jour convenu, le pape fait dresser sa chaire sur la place de Saint-Marc et devant la porte de la basilique. En même temps paraît l’empereur, entouré de son cortège ; il s’agenouille, baise les pieds du pontife, et reçoit de lui l’absolution de son péché. C’ést à cette lutte glorieuse que le poëte, d’accord avec la tradition, fait remonter les privilèges de Venise et les fiançailles du doge avec l’Adriatique. Au moment où Sébastien Ziani revenait du combat, traînant à sa suite les débris de la flotte impériale, le pape était allé au-devant de lui jusqu’au Lido, et là, tirant de son doigt un bel anneau, il dit au doge « Je veux qu’il soit établi par décret que le prince de Venise s’appelle le prince de la mer, lui et ses successeurs à l’infini. » Puis il remit la bague