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nous y trouvons toujours une vérité positive, ou. une vérité symbolique jamais nous n’y voyons ce qu’on a appelé du nom insultant de mythologie. Le vice de la mythologie est d’étouffer l’âme sous les sens, l’esprit sous la matière c’est tout ce que célèbrent les métamorphoses d’Ovide, Niobé changée en pierre, Narcisse en fleur. La mythologie ne peut rien de mieux pour la vertu, pour Philémon et Baucis, que d’en faire deux beaux arbres. Au contraire, la légende fait régner l’esprit sur la matière, la prière sur la nature, l’éternité sur le temps. Elle trouve dans le mérite ou le démérite le point où elle suspend les destinées humaines. Il se peut que vous soyez fatigués de ces visions dont nous venons d’achever la longue histoire. Les peuples ne l’étaient pas : ils ne se lassaient pas d’entendre parler d’une vie meilleure que celle-ci. Cette passion de l’invisible fait l’honneur des sociétés chrétiennes, elle en fait la puissance. De même que l’âme invisible se rend maîtresse du corps, de même qu’elle l’applique au travail, le tourmente par les privations, le risque dans les hasards ainsi elle s’éprend de tout ce qui est invisible comme elle, elle se détache bientôt de tout ce qui se touche. Je vois des martyrs, des chevaliers, des soldats, se faire tuer pour Dieu qu’ils n’ont jamais aperçu, pour des ancêtres qu’ils n’ont jamais connus, pour une patrie dont ils n’ont jamais habité qu’un coin obscur et je comprends