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volcan, le précipitent dans le cratère[1]. Ailleurs, un homme de guerre, mort de la peste, revient à la vie, et raconte son voyage chez les trépassés. Il s’était trouvé au pied d’un pont sous lequel coulait un fleuve noir, d’où s’exhalait une vapeur sombre, avec une odeur que les sens ne supportaient pas. Au delà du pont s’étendaient des prés émaillés de fleurs, dont le parfum nourrissait les habitants de ces beaux lieux. On voyait des hommes vêtus de blanc se promener autour d’une maison construite de briques d’or, que des enfants et des jeunes filles portaient dans leurs mains. Et telle était l’épreuve du pont, que les méchants qui voulaient passer étaient précipités dans les eaux ténébreuses, tandis que les justes le franchissaient d’un pas sûr. Le ressuscité trouva dans les joies ou dans les peines plusieurs de ceux qui lui furent connus sur la terre et il lui fut enseigné que la maison d’or était la récompense de la charité, qui se bâtit, avec de l’or périssable, des demeures éternelles et que le nuage de vapeur était noir et fétide, parce que le plaisir de la chair infecte l’âme et l’obscurcit[2].

Ainsi toute la douceur et toute la sévérité du chris-

  1. Lib. IV, 30.
  2. Lib. IV, 36. Le grand esprit de saint Grégoire éclate partout au sujet d’un anachorète qui s’était attaché dans sa cellule avec une chaine de fer : « Teneat te non catena ferri, sed catena Christi». Après le récit d’une résurrection : « Majus est miraculum verbo peccatorem convertere quam carne mortuum resuscitare. »Et tout le chapitre XLVIII du livre IV sur le discernement des songes et des visions.