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Enfin, le livre se terminait par une vision écrite en versets latins rimés, où l’on sent déjà le souffle poétique qui passera dans la Divine Comédie[1]

Un religieux, ravi en esprit, croit cheminer dans des lieux difficiles et remplis de dangers. Le sixième jour, il se trouve entouré de bêtes féroces des lynx, des lions, des serpents, lui ferment le chemin. Il croit périr sous leurs dents, lorsqu’il voit paraître devant lui un fleuve de soufre et de feu un pont étroit et glissant le traverse un nombre infini d’âmes justes et coupables se présente à l’entrée. Les coupables sont précipités dans les flots brûlants, les justes passent rapides comme des aigles. Au bout de ce trajet dificile, un mur d’airain s’élève. Il supporte les terrasses d’un jardin admirable. Un peuple heureux l’habite et passe ses jours dans des forêts chargées de fruits et de parfums, où jamais les animaux malfaisants n’ont pénétré. Au milieu s’élève une montagne d’argent ; des escaliers

    role de l’abbé Joachim : Quod patrimonium J. Ch. boni et mali scientiae lignum fuit. L’abus que l’on faisait des opinions de Joachim fut condamné par un concile d’Arles en 1260. Elles passèrent ensuite dans les doctrines des Fratricelles et des Lollards.

  1. Joachim, Visio.

    Visionem admirandae ordiar historié ;
    Succincte scribam textum felicis memoriœ.
    Quidam vir religiosus, fama non ingenitus,
    Scripsit rem quam vidit quondam in visione positus

    .

    Remarquez l’analogie du début avec celui du premier chant de l’Inferno . Le chemin de la vie, les bêtes féroces qui ferment la route, aucune autre voie pour leur échapper que la visite des lieux éternels.