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nés[1] . Sur le fleuve, qui servait de limite à ce triste empire, un pont, se rétrécissant ou s’élargissant au besoin, retenait les âmes souillées encore, et laissait échapper celles dont l’épreuve était finie. Abandonné quelques instants aux fureurs des démons, Albéric passait par les flammes puis, ressaisi par son guide, tout à coup il s’était trouvé devant le tribunal des sentences divines. Un pécheur y attendait son jugement ses crimes étaient tracés dans un livre que présentait l’ange de la vengeance. Mais une larme de charité, répandue par le coupable aux derniers jours de sa vie, recueillie par l’ange de la miséricorde, effaçait l’écriture condamnatrice. Puis, au milieu d’une plaine couverte de fleurs, inondée de lumière, s’élevait la montagne du paradis terrestre, que dominait l’arbre du fruit défendu une multitude bienheureuse en peuplait l’immensité[2]. Cependant le jeune moine, enlevé par une colombe, était monté plus haut encore il avait traversé les sphères des planètes et le ciel des étoiles, pour aller contempler les merveilles de l’Empyrée. Là, saint Pierre lui avait fait connaître les péchés des hommes, et l’avait congédié en lui donnant l’ordre de publier ses révélations[3]

  1. Toujours l’alternative du feu et de la glace, que Dante n’a pas manqué d’observer. Lui aussi appelle Satan « il gran Verme. » Même ressemblance pour le supplice des simoniaques.
  2. Vision d’Albéric, cap. xx. Dante est obligé de-passer par les flammes. Purgatorio, XXVII .
  3. Ici surtout l’analogie est décisive : « Qualiter a colomba et