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le bonheur sous une image plus immatérielle et en même temps plus charmante. Toute l’histoire du saint et de ses compagnons s’éclaire ainsi des reflets de l’Eternité. S’ils prient, ils voient les saints descendre autour d’eux, les démons s’enfuir, et les âmes délivrées sortir du purgatoire[1]. On rap.porte qu’un jeune homme de noble famille et d’habitudes délicates, ayant été admis dans l’ordre, avait pris l’habit en abomination, les manches en mépris, et le capuchon en horreur ; si bien qu’il résolut de quitter le couvent et de retourner au monde. La nuit marquée pour son départ, il fallut qu’il passât devant l’autel ; et, s’étant agenouillé selon sa coutume, il fut ravi en esprit. Il voyait venir au-devant de lui une multitude infinie de saints rangés en procession deux à deux couverts de riches vêtements, leurs visages et leurs mains resplendissaient comme le soleil, et ils allaient en chantant, accompagnés de la musique des anges. Dans le nombre il y en avait deux plus richement vêtus que les autres ; et, vers la fin de la procession, il en vint un dernier si pompeusement orné, qu’on l’eût pris pour un chevalier nouvellement reçu. Or le jeune homme restait immobile d’étonnement et de joie et ceux qui fermaient la proces-

  1. Fioretti, cap. XLIII, XLIV, , xuv, L, LI, et particulièrement c.XLVIII. Come frate Jacopo della Massa vide in visione tutti i fratri minori del monde in visione d’une arbore, e conobbe la virtù, o i meriti e i vizi di ciascuno.