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l’histoire des trois pèlerins de saint Macaire. Trois moines grecs, Théophile, Sergius et Hyginus, s’acheminent du côté du Levant pour découvrir le point « où le ciel et la terre se touchent » c’est, suivant l’opinion commune, le site du paradis terrestre. Ils passent l’Euphrate, traversent la Perse et la Bactriane, franchissent les dernières limites des conquêtes d’Alexandre, dont une colonne encore debout conserve le souvenir. Puis viennent de vastes solitudes couvertes d’ombres éternelles. Un lac de soufre y a creusé son bassin. A la surface s’agitent des serpents de feu. Sous les eaux se fait entendre un murmure pareil à celui d’une foule innombrable, et une voix crie : « C’est ici le lieu des châtiments. » Toutefois les pèlerins poursuivent leur route. Ils arrivent, après de longues fatigues, à la caverne de saint Macaire Romain. Conduit jadis par un désir semblable, Macaire est parvenu jusqu’à la porte de l’Éden, mais il a dû s’arrêter devant l’épée du Chérubin qui veille sur le seuil. Retiré dans un antre du voisinage, il a vécu un siècle-dans la prière et la pénitence. Ses hôtes, instruits par son exemple, renoncent à l’inutile recherche du jardin de délices ; ils reprennent la route du monastère, assurés d’y trouver le seul bonheur permis à l’homme ici-bas : celui de la vertu[1]. Il suffit de comparer cette narration bi-

  1. Rosweid, Vitae Patrum. Vita S. Mascarii Romani, servi Dei, qui inventus est juxta paradisum. L’époque semble indiquée par la