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cantiques les damnés y répondent par leurs gémissements. Saint Paul et son guide s’émeuvent,’ et commencent une prière que répètent tous les saints. La Justice éternelle se laisse fléchir ; elle accorde aux réprouvés l’interruption régulière de leurs souffrances, chaque semaine, au jour du Seigneur. La trêve de Dieu s’étend sur ses ennemis.

Quelquefois l’apparition de la vie future se fait sur une scène moins large, et n’est plus qu’un épisode de l’épopée religieuse, comme la descente aux enfers chez les anciens. Parmi les sujets les plus aimés de la poésie légendaire, je remarque l’ Histoire de Barlaam et Josaphat, accréditée par le nom de saint Jean Damascène, souvent traitée en France, en Angleterre, en Allemagne enfin, où elle prit une forme savante et harmonieuse dans les vers de Rodolphe de Montfort[1]. Je la trouve aussi populaire en Italie au quatorzième siècle, s’il en faut juger par un manuscrit de la Bibliothèque royale qui contient la légende rédigée dans un mauvais dialecte, enrichie d’enluminures grossières, par conséquent destinée à des lecteurs indulgents[2]. Josaphat, fils d’un roi de

  1. Rosenkrantz, Geschichte der Deutschen Poesie; 184 , Gervinus, t. I .-Wackernagel , Deutschte Lesebuch.
  2. Le récit de saint Jean Damascène est bien plus étendu que celui de la légende italienne. Je la cite de préférence comme inédite et comme contemporaine de Dante. Le manuscrit où elle est contenue porte le n° 93, fonds la Vallières , sous ce titre : Leggenda di Barlaame e di Giosaffate.