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assure en retrouvant, parmi les compositions des trouvères, le Voyage de saint Brendan, odyssée monacale qui charma plus d’une fois la solitude des cloîtres, en y transportant les tableaux d’une vie errante et libre sur les mers. Dès le onzième siècle, on en voit une rédaction latine suivie de plusieurs traductions anglaises, allemandes, françaises, espagnoles. Je m’étonnerais que l’Italie,’si amie du merveilleux, n’eût pas conservé les siennes [1]. Le saint moine a quitté l’ile d’Erin pour aller chercher, à travers les mers occidentales, la terre de repromission réservée aux saints : Après les aventures sans nombre d’une longue navigation, il arrive au paradis des oiseaux, demeure des anges demi-tombés, qui, sans partager la révolte de Lucifer, ne s’associèrent point à la résistance des milices fidèles[2]. Plus loin, se rencon-

  1. La Légende de saint Brendaines, publiée par Achille Jubinal ; Paris, 1836. La grande chronique de Gotfrid de Viterbe, pars secunda, contient un récit pareil, d’après Un livre conservé dans l’église de Saint-Matthieu, ultra Britanniam in finibus terrae. Les voyageurs arrivent au delà des mers a une montagne d’or qui porte une ville toute d’or, habitée par des anges. Enoch et Elie y servent Dieu dans une église d’or. Les voyageurs y demeurent trois jours : mais, lorsqu’ils reviennent dans leur patrie, il se trouve que trois siècles et sept générations se sont écoulés.
  2. .

    ………..Nous somes de ceus
    Qui jus caïrent des saints pas.cieux
    Mais nous ne consentiment pas.

    A peu près comme les anges neutres de Dante (Inferno, II)

    …………….Che non furon ribelli
    Ne fur fedeli a Dio, ma per se foro

    .