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mer, et, s’étant ainsi placé entre le fleuve et la mer, il commença à parler comme s’il prêchait de la part de Dieu aux poissons, et il dit : « Écoutez la parole de Dieu, vous, poissons de la mer et du fleuve, puisque les infidèles hérétiques dédaignent de l’entendre. » Et, dès qu’il, eut parlé, aussitôt accourut, vers le bord où il était, une telle multitude de poissons, grands, petits et moyens, que jamais dans cette mer et dans ce fleuve on n’en avait vu une si grande quantité. Tous tenaient leurs têtes hors de l’eau, et tous semblaient regarder la face de saint Antoine, tous dans le plus grand ordre et une grande paix. Car sur le devant et le plus près de la rive se tenaient les petits poissons, après eux venaient les moyens, et derrière, où l’eau était plus profonde, se tenaient les plus gros. Les poissons étant donc rangés dans cet ordre, saint Antoine se mit à prêcher solennellement et à dire : « Mes frères les poissons, vous êtes fort obligés, selon votre pouvoir, de rendre grâce à notre Créateur, qui vous a donné un aussi noble élément pour votre habitation car, selon qu’il vous plaît, vous avez des eaux douces et des eaux salées. Il vous a ménagé beaucoup de refuges pour échapper aux tempêtes, il vous a encore préparé un élément clair et transparent, et une nourriture dont vous vivez. Dieu, votre créateur libéral et bon, quand il vous fit naître, vous commanda de croître et de multiplier, et vous