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grande joie et une grande dévotion quand il venait visiter ce saint collége, en voyant dans la plaine. autour de Sainte-Marie-des-Anges, les frères assis par groupes, ici de quarante, là de cent, ailleurs de quatre-vingts ensemble, tous occupés à raisonner de Dieu, tous dans les oraisons, dans les larmes et les exercices de charité. Tous se tenaient dans un tel silence et une telle modestie, qu’on n’entendait pas un murmure ni une dispute en sorte que le cardinal s’émerveillait d’une telle multitude si bien ordonnée, et il disait avec larmes et avec une grande dévotion : « Vraiment, c’est ici le camp et l’armée des chevaliers de Dieu. » Dans un si grand nombre d’hommes on n’entendait ni fables ni paroles menteuses mais, quelque part que se réunît une troupe de frères, ils priaient, disaient leur office, ou bien ils pleuraient leurs péchés et ceux de leurs bienfaiteurs, ou ils s’entretenaient du salut des âmes. Les cabanes de ce camp étaient formées de claies et de nattes, divisées par groupes, selon les diverses provinces d’où venaient les frères. C’est pourquoi ce chapitre s’appela le Chapitre des Claies ou des Nattes. Leur lit était la terre nue, et quelques-uns avaient un peu de paille ; leurs oreillers étaient des pierres ou des morceaux de bois. C’est pourquoi si grande était la dévotion qu’ils inspiraient à quiconque les voyait ou les entendait, et si étendu le renom de leur sainteté, que de la cour du Pape, qui était alors à Pérouse, et des autres