Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivante. Saint François portait encore l’habit séculier, -bien qu’il eût déjà rompu avec le monde, et qu’il allât cherchant le mépris des hommes, tout môrtifié par la pénitence, tellement que beaucoup le tenaient pour insensé. Il était donc honni comme fou et repoussé avec dégoût par ses parents et par les étrangers, qui lui jetaient des pierres et de la fange. Lui cependant passait au milieu de ces injures et de ces mépris, patient comme s’il eût été sourd et muet.

Bernard d’Assise, qui était des plus nobles, des plus riches et des plus habiles de la cité, commença à considérer sagement la conduite de saint François, , son extrême mépris du monde, sa grande patience à souffrir. les injures, et comment, depuis deux années qu’il était en mépris et en horreur à tous, il paraissait toujours plus ferme. Il commença donc à penser et à dire en lui-même : « Il ne se peut, en aucune manière, que ce frère n’ait pas une grande grâce de Dieu » ; là-dessus il l’invita le soir à souper et à coucher, et saint François y consentit, soupa et coucha chez lui. Alors Bernard se promit dans son cœur de contempler la sainteté de son hôte : il fit donc préparer un lit dans sa propre chambre, où une lampe brûlait toute la nuit. Or, saint François, pour cacher sa sainteté, aussitôt qu’il fut entré dans la chambre, se jeta sur le lit, et fit semblant de dormir. Bernard de même, après un, peu de temps, se coucha et commença à ronfler