Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Intelligence ; au huitième siègent la Force et la Magnanimité, armées pour le combat ; au neuvième, la Foi et l’Espérance ; au dixième la Persévérance qui porte la palme ; et au-dessus, l’Amour, un sceptre de feu à.la main ; « car il est grandement juste qu’il tienne le premier rang, comme roi couronné et souverain empereur. » L’âme qui s’achemine le long de la montée céleste la trouve douce, et, parvenue au sommet, elle découvre avec ravissement l’Incréé, dont les rayons éclairent toutes les créatures ; elle se repose dans cette vue, elle contemple. Cependant la vertu seule ne suffit pas toujours pour mener l’intelligence jusqu’à des régions si peu fréquentées. Les mystiques ont compris la nécessité de soutenir le vol de la pensée en le réglant. Aux artifices de l’école ils ont substitué les exercices de la cellule et Jacopone compte avec saint Bernard quatre marches qu’il faut franchir avant d’arriver au fond du sanctuaire. La première est la lecture des livres sacrés avec une intelligence pure et droite ; la méditation vient ensuite, et s’approprie-la substance du texte ; puis la prière sollicite l’éternelle vérité à déchirer les derniers voiles ; enfin, la contemplation possède, elle jouit, elle a trouvé « une philosophie nouvelle en présence de laquelle toutes les autres fuient comme des nuages[1] .  »

  1. Jacopone, II, 31, 26 ; v. 23, stances 19-22. Cf. saint Bernard, De scala claustralium…