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à une bête enragée. -Là règne un froid sans mesure que souffre la paresse, réduite aux dernières terreurs.- L’avarice pensive est comme le ver qui ne se repose pas ; elle a rongé tout le cœur à force de sollicitudes.- La gourmandise a la voracité des serpents et des dragons ; elle ne songe pas qu’au lever de la table viendra l’heure de payer l’écot.- La luxure fétide, telle qu’une flamme de soufre, désole l’âme qui hébergea de tels hôtes.- Venez, peuple, venez entendre, étonnez-vous de voir hier l’âme était un enfer, aujourd’hui Dieu en veut faire un paradis[1] . » Mais ce changement n’est pas l’œuvre d’un jour il s’accomplit par trois phases, que les docteurs ont appelées la vie purgative, la vie illuminative, et la vie unitive.

Il faut premièrement que l’âme ait horreur de sa chute, et c’est pourquoi Jacopone lui propose une parabole « Si le roi de France avait une fille, et elle seule pour héritière, elle irait parée d’une robe blanche, et sa bonne renommée volerait par tout pays. Et maintenant, si par bassesse de coeur elle s’attachait à un lépreux, et qu’elle s’abandonnât à son pouvoir, que pourrait-on dire d’un tel marché ? Ô mon âme, tu as fait pis quand tu t’es vendue au monde trompeur! » Au souvenir de sa céleste origine et de sa beauté pre-

  1. Jacopono, Poesie spirituali, lib . II, 9,11.