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ges ensanglantés furent recueillis avec terreur. On décida que ce miraculeux dépôt serait conservé dans une église qui n’aurait pas de rivale. Vers 1280, commença la construction du dôme d’Orvieto ; elle occupa, durant trois cents ans, la piété des peuples, à qui rien ne coûtait pour réparer le doute de leur prêtre, et pour honorer le mystère outragé de l’amour. Plus de deux cents artistes s’y succédèrent, depuis Jean de Pise et ses élèves, qui sculptèrent la façade, jusqu’à Luca Signorelli, qui peignit l’Antechrist, le Jugement, l’Enfer, dans une suite de fresques dignes d’inspirer Michel-Ange. Un siècle plus tôt, en 1186, l’archevêque de Pise Ubaldo Lanfranchi avait conçu la pensée de donner à ses concitoyens une sépulture glorieuse. Il rapporta sur ses vaisseaux la poussière de Jérusalem et de Bethléem. Il la déposa dans le sol creusé auprès de sa cathédrale, pour en faire le cimetière national des Pisans. Mais, comme on ne pouvait rendre trop d’honneur à la terre foulée par les pieds du Sauveur, on voulut qu’un portique superbe fût élevé alentour, que les murs fussent couverts d’images qui consolassent de la mort par