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me sens bien triste, et j’ai plus que jamais besoin, de vos bonnes prières.

Des Pyrénées, on m’a envoyé au bord de la mer, près Bayonne, dans un lieu charmant j’y ai repris des forces ; toutefois, il s’en faut encore de beaucoup que je sois guéri. L’hiver approche, et je crains bien que mon rétablissement ne soit ajourné a l’été prochain, si même Dieu veut que je me rétablisse jamais.

Un des ennuis de. cette situation, c’est l’incertitude où elle me laisse pour toutes choses. J’avais d’abord pensé retourner à Paris en novembre, afin d’y soutenir ma candidature à l’Institut. Mais je renonce à me présenter, et je ne sais maintenant si je dois passer l’hiver à Bayonne, dont le climat est assez doux, ou bien aller chercher en Espagne un ciel plus sec et plus chaud. Ce dernier parti me séduirait, il me ferait connaître un grand pays, et me familiariserait avec une belle langue mais le voyage est très-fatigant.

Le pire est le désœuvrement où je suis obligé de vivre. Sans doute.je me-trouve trop bien entouré pour que mon cœur n’ait pas d’occupation. Mais c’est mon esprit qui en manque et lorsque j’arrive au bout d’une journée n’ayant rien fait, cette oisiveté me pèse comme un remords, et il me semble que je ne mérite ni le pain que je mange, ni le lit où je me couche. D’ailleurs mon imagination trouvant ma tête vide s’y établit en maîtresse, et y broie