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L’exposition de Londres fut pour Ozanam l’occasion d’un voyage en Angleterre ; non qu’il fût curieux des merveilles de l’industrie, mais il y fut entraîné par son ami Ampère. Ils avaient passé une partie de l’été ensemble à Sceaux, où Ozanam avait loué une maison de campagne. J.-J. Ampère venait du lundi au jeudi, retournait à Paris pour l’Académie et ses affaires, et allait finir la semaine à Montreuil, près de Versailles, chez son ami M. de Tocqueville.

Il a rappelé le souvenir de ce temps dans une page charmante et trop vraie pour ne pas la citer « Ce fut durant l’été de 1851, sur un banc que je vois encore dans son petit jardin de Sceaux, ou il était allé, dejà bien fatigué, chercher quelque repos entre sa femme et son enfant, qu’Ozanam me lut son tableau du Paganisme, derniers jours sereins de notre amitié, les derniers où l’inquiétude qu’il fallait lui cacher ne vint pas en empoisonner la douceur. Qu’on me permette de leur donner un regret et de ne pas essuyer cette larme qui tombe sur le papier tandis que j’écris....

« Je fis avec lui et madame Ozanam un petit voyage en Angleterre, pour voir la grande exposition ; je m’enthousiasmais plus qu’il ne le faisait lui-même en présence de ces merveilles de l’industrie. J’allais partir pour les États-Unis ; mon esprit, trop curieux peut-être, s’ouvrait à des admirations nouvelles, qu’Ozanam ne partageait pas autant qu’autrefois, quand nous nous entendions si bien sur les Niebelungen et sur Dante. Il trouvait que j’admirais trop l’Angleterre, que j’oubliais trop les Irlandais. Lui, meilleur que moi, me laissait retourner seul au Palais de cristal, pour avoir le temps de visiter les caves habitées par les pauvres catholiques d’Irlande ; il en revenait tout ému, et je crois un peu plus pauvre qu’en y descendant. »

A Sceaux, les deux amis travaillaient beaucoup, on faisait de longues conversations et de longues promenades, et le soir, J.-J. Ampère charmait ses hôtes par quelques lectures. C’est alors qu’il leur fit connaître Hilda, roman historique, qui avait été applaudi, à l’Abbaye-aux-Bois, par madame