Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LVIII
À M. AMPÈRE
Paris, 12 novembre 1850.

Où vous prendre, bien cher ami, et sous quel ciel aller chercher cet aimable et désespérant voyageur ? Au moins, quand vous manquiez au joli rendez-vous de Quimperlé, nous nous consolions par la pensée de vous retrouver à Paris. Je fus chargé de vous adresser les reproches et les espérances de cette compagnie où l’on disait de vous tant de mal et tant de bien. Mais vous n’aurez probablement pas reçu ma lettre. Elle s’est croisée avec celle qui est venue à Morlaix m’apprendre votre belle action et votre départ. La belle action ne m’étonnait point : vous en étiez capable, et Daremberg en était digne. Je savais depuis longtemps ce qu’on pouvait attendre de vous en fait d’oubli de vous-même, et si bien des gens vous grondent de vous être ainsi dépouillé, si j’ai quelque envie de faire comme eux, je ne m’en sens plus le courage quand je me rappelle ce que vous avez sacrifié