Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des devoirs, et par conséquent des droits. C’était détruire le fondement même de l’esclavage : les siècles suivants en poursuivirent la ruine. Ils l’achevèrent par la faveur attachée aux affranchissements, par la transformation de la servitude personnelle en servage de la terre, jusqu’à ce qu’une constitution du pape Alexandre III déclarât qu’il n’y avait plus d’esclaves dans la société chrétienne. Il ne fallait ni moins de siècles, ni moins de génie et de courage pour rétablir le respect de la vie humaine. Le christianisme avait pu croire son œuvre presque achevée quand les lois des empereurs chrétiens eurent puni le meurtre des enfants nouveau-nés et supprimé les spectacles de gladiateurs. C’est alors que paraissent les barbares, apportant de leurs forêts deux soifs égales : celle de l’or et celle du sang. Ce ne sont plus seulement les peuples qui s’arment contre les peuples, mais les villes contre les villes et les châteaux contre les châteaux. L’Église a beau se jeter éperdue au milieu de ces querelles en protestant qu’elle abhorre le sang : « Ecclesia abhorret a sanguine, » les instincts de la barbarie éclatent au milieu des croisades ; ils se déchaînent aux Vêpres siciliennes. Voilà les résistances que l’Église avait à vaincre pour empêcher les hommes de s’entre-tuer. Qu’était-ce pour les faire vivre, pour conserver l’enfant exposé, l’infirme, le vieillard inutile, toutes ces charges que rejette une société sans foi, et qui honorent une société chrétienne ?

Il semble moins facile de soutenir la cause du progrès dans les arts. Après les anciens, que reste-t-il à