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nouvelle Académie d’avoir cherché asile dans le doute entre Épicure et Zénon. Il détruit cette doctrine de la vraisemblance qu’elle avait adoptée ; il montre à ces philosophes que, par cela qu’ils parlent de vraisemblance, ils ont l’idée du vrai et supposent la présence de cette vérité qu’ils nient ; afin de réfuter le doute, il cherche la certitude dans la pensée, dans la méthode psychologique : « En effet, dit-il, ceux qui doutent ne peuvent point douter qu’ils vivent, qu’ils se souviennent, qu’ils veulent, qu’ils pensent ; car s’ils doutent, c’est qu’ils veulent être certains, c’est qu’ils jugent ne point devoir consentir sans preuve. Toi qui veux te connaître, sais-tu si tu es ? — Je le sais. — D’où le sais-tu ? — Je l’ignore. — Te crois-tu simple ou composé ? — Je l’ignore. — Sais-tu si tu es en mouvement ? — Je l’ignore. — Sais-tu si tu penses ? — Je le sais. — Donc il est certain que tu penses[1]. » C’est le Cogito ergo sum, dont vous voyez l’expression et la lettre dans le second livre des Soliloques de saint Augustin, dans ce dialogue entre sa raison et lui-même, où il a établi les premiers fondements de la certitude. C’est lorsque saint Augustin est encore dans tout le trouble de son esprit, comme philosophe, qu’il trouve en lui la ruine de tous les systèmes de philosophie, que, sur le point d’abandonner la raison, il cherche la pierre angulaire sur laquelle il pourra édifier le monument de ses connaissances ; c’est alors qu’il

  1. Soliloquia, l. II, c. i.