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et haletant de ce travail prodigieux auquel il s’est condamné, il croit enfin être arrivé jusqu’à Dieu. Il proclame un premier moteur nécessaire, éternel, un moteur éternel d’un monde éternel comme lui, qui meut tout l’univers, mais sans le vouloir, sans l’aimer, par une sorte d’attraction physique qu’il subit sans la diriger. Ce Dieu est puissant, intelligent, il trouve son bonheur dans la contemplation de soi-même, mais il n’est pas bon, il n’aime pas ses œuvres, il n’aime que lui : il est donc plus imparfait encore que le Dieu de Platon.

Voilà ce que l’esprit humain, aidé de toutes les lumières qu’avaient produites des siècles de travaux infinis, avec l’essor immense que lui avaient imprimé la faveur des temps, l’éclat et les splendeurs des siècles de Périclès et d’Alexandre, voilà ce que l’esprit humain avait obtenu. Vinrent Épicure et Zénon, l’un avec ses atomes, l’autre qui faisait de Dieu un grand animal, une substance corporelle ; puis Pyrrhon et avec lui le doute universel, que Cicéron essaya vainement de combattre en entourant des plus vives lumières les deux grandes vérités fondamentales de toute vraie doctrine, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Mais atteint lui-même par le scepticisme, il finit par trouver Dieu probable et l’immortalité de l’âme souverainement désirable pour les gens de bien. Voilà la philosophie jusqu’au christianisme.

Le christianisme est venu renouveler les forces de l’esprit humain, surtout en lui donnant ce sans quoi