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ne les connaît plus, et sont voués à la haine et à l’exécration du genre humain. Cependant leur nombre croît et leur énergie se perpétue, et les premiers siècles se passent uniquement sous l’empire de cette foi : c’est ce que nous attestent les écrits, les lettres échangées entre les premiers pasteurs de ces communautés chrétiennes, comme saint Clément, saint Ignace, saint Polycarpe.

Mais la foi ne peut se passer de la raison ; l’apôtre lui-même a dit : « Que la soumission soit complète, mais raisonnable. Rationabile sit obsequium vestrum. » Le temps arrive où ces dogmes révélés, où ces principes venus d’en haut, veulent être mis en ordre, défendus, entourés de toutes les lumières de la science. La provocation viendra du dehors, et les attaques des philosophes païens contraindront les premiers chrétiens à se défendre, à prouver leurs dogmes, à faire appel à l’histoire, à la philosophie, à l’éloquence ; alors commencent les apologistes : Justin, Athénagore, Tertullien et tant d’autres. C’est peu : ce premier travail tout inspiré par le besoin de la polémique, ce combat contre les ennemis du dehors, produira la nécessité de se rendre compte à soi-même du dogme qu’on veut défendre, de l’expliquer aux disciples qu’on forme : de là l’école catéchétique d’Alexandrie où vous verrez ces hommes illustres, Pantène, Clément, Origène, vouer leur vie à l’interprétation des Écritures et à l’explication du dogme. Nous sommes à peine au troisième siècle, et Origène ne s’est pas borné à réunir et comparer les dif-