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mitives, distinctes, mais non pas ennemies, car elles ne sauraient se passer l’une de l’autre : la raison ne se réveillant qu’autant que la parole la provoque, et la foi ne se donnant qu’autant que l’obéissance à la parole est raisonnable.

Ces principes sont ceux que le christianisme apporta dans le monde : car, d’un côté, il honora, il consacra, il canonisa à jamais la raison en la reconnaissant pour ce verbe qui éclaire tout homme venant en ce monde ; et, après l’avoir ainsi entourée d’une auréole divine, après avoir reconnu que la raison n’était que le rayon de Dieu même, comment le christianisme eût-il pu la fouler aux pieds ? Mais, en même temps, il établissait la nécessité d’un verbe extérieur qui la provoquât et lui répondît. Ce verbe extérieur s’exprimait par une suite de révélations, dont la première remontait aux commencements du monde, et avait fait la première éducation du genre humain, révélation renouvelée ensuite par Moïse, et enfin consacrée, étendue, fixée pour jamais dans l’Évangile. Ainsi le christianisme, sous une forme plus divine et avec une vérité plus puissante que jamais, proclamait, réalisait dans la société ce qui était déjà dans les nécessités, dans les profondeurs de la nature humaine, c’est-à-dire la concordance perpétuelle de la raison et de la foi. En même temps, il élevait la raison et la nature au-dessus d’elles-mêmes.

En effet, cette révélation, ce verbe extérieur et public qui entretenait la lumière depuis le commence-