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mains : « Vous m’avez remis, Seigneur, par les mains d’un homme, plusieurs livres des platoniciens, traduits du grec en latin, où j’ai lu, quoique en d’autres termes, qu’au commencement était le Verbe, et que le Verbe était en Dieu, et que le Verbe était Dieu, enfin que le Verbe de Dieu est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde… Mais qu’il soit venu chez lui et que les siens ne l’aient pas reçu, et qu’à ceux qui l’ont reçu il ait donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu, que le Verbe se soit fait chair et qu’il ait habité parmi nous, voilà ce que je n’ai point lu dans ces livres… Qu’il soit avant le temps, au delà des temps, dans une immuable éternité, que, pour être heureuses, les âmes reçoivent de sa plénitude, cela est bien chez les platoniciens ; mais qu’il soit mort dans le temps par les impies, voilà ce qu’on n’y trouve point. Vous avez caché ces choses aux sages, mon Dieu, et les avez révélées aux petits, afin de faire venir à lui les souffrants et les surchargés pour qu’il les soulage[1]. »

Voilà la mesure, voilà le partage et le secret de la réponse à cette question qui depuis tant de siècles tourmente le monde. Non, la philosophie n’est pas impuissante, car elle amené l’homme aux pieds de Dieu ; mais la raison était insuffisante, car elle n’a pas conduit l’esprit humain à comprendre l’Homme-Dieu, à comprendre la charité et les mystères d’un amour infini. Voilà

  1. S. August., Confessionum l. VII, c. IX.