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si les hommes de tous les siècles ont connu le plaisir de la tragédie, et ont aimé à pleurer les malheurs des rois, y a-t-il moins de larmes dans le malheur d’un peuple qui fut libre, qui fut grand, qui paya son indépendance de son sang et qui la perd par ses fautes ? »


Dans le fragment qui suit, il est encore question de décadence, mais le ton en est moins triste ; je le place ici à titre de consolation :


«  Nous n’aimons pas le spectacle des décadences : Nous aimons ce qui est héroïque, ce qui vaut mieux que nous, ce qu’il faut admirer, et ce sentiment fait honneur à la nature humaine. Cependant les décadences sont instructives. Il faut savoir pourquoi les grandes choses finissent, si c’est une fatalité qui les précipite, si c’est par des fautes qui les font descendre. Les décadences sont fécondes. Tout ne périt point dans les institutions qui s’écroulent. Il y a quelque chose de protecteur dans leurs débris, et quand il n’en resterait que l’ombre, l’ombre sert à couvrir ce qui doit naître. — Les crevasses d’un vieux monument cachent le nid d’oiseaux. — C’est ainsi que des ruines de cette société du moyen âge nous verrons sortir la joyeuse volée des poètes italiens et l’aigle de Florence. »