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tradition du beau par les chefs-d’œuvre des grands hommes qui deviennent l’entretien, l’éducation des intelligences. En sorte qu’il n’y aura pas de siècle si malheureux qui ne trouve, pour ainsi dire, ses plaisirs d’esprit dans ces productions de l’âge d’or des littératures qui sont la consolation des époques les plus déshéritées. Nous avons donc à énumérer les services de la tradition, à montrer son rôle conservateur et bienfaisant, et son mode d’action ; aujourd’hui nous rechercherons comment la tradition littéraire se perpétua chez les anciens et par quel travail tout cet ensemble de science païenne passa dans le sein du christianisme.

Les traditions littéraires se perpétuent dans l’antiquité, comme dans tous les temps, surtout par les écoles, par l’enseignement. Quelle était donc la constitution de l’enseignement chez les Romains ? Nous rencontrons encore ici une de ces questions éternelles comme toutes les grandes questions : l’enseignement a-t-il été constitué sous l’empire du principe d’autorité ou du principe de liberté ?

Dans la première période de l’antiquité romaine, l’enseignement paraît libre, ou plutôt il fait partie de cette autorité, de cette toute-puissance domestique sur laquelle le législateur n’avait pas osé porter la main. Le père de famille à son foyer, au milieu de ses lares et de ses pénates, représente Jupiter ; et l’empire domestique qu’il s’est fait est aux yeux des Romains le type, le modèle, la secrète puissance de cet empire universel qu’ils porteront aux extrémités du monde. Aussi, longtemps