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Le lare, content de cette confession, veut rendre Querolus heureux pour prouver, une fois de plus, que les honnêtes gens sont excusés par les dieux de leurs peccadilles. Et ceci, remarquez-le, nous fait connaître ce que la société avait de plus innocent, et jugez par là des périls dont elle était entourée. Le lare, voulant donc récompenser Querolus de sa franchise, lui promet d’exaucer ses souhaits ; cependant il l’avertira de tout leur danger. Querolus souhaite la gloire des batailles, mais il ne veut pas des horions ; il souhaite la cassette de Titus, mais il ne veut pas de sa goutte ; il veut être décurion, mais il ne veut pas payer l’impôt qu’il répartira ; il souhaite enfin être un simple bourgeois, mais puissant et en mesure de pouvoir dépouiller ses voisins sans que personne puisse y trouver à redire. Le lare lui répond : « Ce que tu souhaites n’est plus la puissance, mais le brigandage. »

Voilà donc le désordre visible et extérieur qui s’organisait aux portes de cette société opulente et lettrée. Mais il faut voir aussi le désordre au-dessous d’elle, au dedans d’elle, parmi cette redoutable et implacable société qui se composait d’esclaves. Dans le Querolus, il en paraît un, nommé Pantomalus, et il nous apprend ce qu’étaient les esclaves, ce qu’ils appelaient de leurs vœux, ce qu’ils préméditaient au cinquième siècle. « Il est reconnu, dit-il, que tous les maîtres sont mauvais ; mais j’ai éprouvé que nul n’est pire que le mien, non pas qu’on le trouve méchant, mais il est exigeant et fâcheux. S’il se fait un vol au logis, il s’emporte comme