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présente son testament ; mais Querolus lui dit : « Ou tu savais ce que contenait l’urne, et alors je te considère comme voleur ; ou tu ne le savais pas, et alors je te ferai punir comme violateur de tombeaux… » et la comédie est finie. Mais c’est une page de plus à ajouter à toutes celles que je vous ai citées déjà pour compléter ce que trop souvent l’éducation classique dissimule : le revers de cette belle page de l’antiquité romaine. Querolus ne se borne pas, en effet, à faire la satire de tout ce qu’il y a de public, d’officiel, de solennel, dans la société ancienne, à trahir les mystères de perfidie et de cupidité de certains prêtres païens, à montrer comment, après avoir fait emporter les offrandes, ce sont eux qui les mangent, et ainsi de toutes les impostures qui faisaient le fond de ce culte ; il ne se borne pas non plus à persifler les devins, les augures, les astrologues et tous ceux qui spéculaient sur la crédulité publique : il va plus loin, il fait connaître ce que sont les honnêtes gens du paganisme, ce que c’est qu’un homme d’honneur, digne d’être protégé par les dieux.

Le lare fait d’abord l’exposition du sujet : « Je suis, dit-il, le gardien et l’habitant de la maison qui me fut assignée ; c’est moi qui tempère pour elle les décrets des destins : si quelque bonheur est promis, je le presse ; si quelque mal le menace, je l’adoucis. Je gouverne les affaires de ce Querolus, qui n’est ni agréable ni mauvais. Pour le présent, rien ne lui manque : tantôt nous le ferons très-riche, et il en sera digne, car, si vous croyez que nous ne traitons