Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont elles que Claudien met entre les mains de la jeune épouse d’Honorius[1].

Mais voici une solennité plus grande. On est en 404 ; Honorius règne depuis neuf ans ; il règne à Ravenne, dans une ville chrétienne, qu’il préfère à cette Rome, éprise de ses faux dieux ; il a déjà rendu trois lois contre le paganisme ; cependant il se décide, après de longues hésitations, à venir à Rome célébrer son sixième consulat, et il prend possession de l’ancien palais d’Auguste, sur le mont Palatin ; il réunit autour de lui le sénat, ce sénat partagé où la majorité païenne déplore encore le renversement de l’autel de la Victoire. En présence d’une réunion si considérable où les chrétiens l’emportent, sinon par le nombre, au moins par l’autorité, Claudien s’avance : il est chargé d’exposer les vœux de la ville et du sénat, il déroule le parchemin où ses vers sont écrits en lettres d’or, et il raconte un songe : « Toutes les pensées qui durant le jour agitent nos âmes, le sommeil bienfaisant les rend à notre cœur pacifié. Le chasseur rêve ses forêts, le juge son tribunal, et l’habile écuyer croit dépasser en songe une borne qui n’existe point. Moi aussi le culte des Muses me poursuit par le silence des nuits, et me ramène à un labeur accoutumé. Je rêvais donc qu’au milieu de la voûte étoilée du ciel, je portais mes chants aux pieds du grand Jupiter, et comme le sommeil a ses illusions charmantes, je croyais voir le

  1. De Nuptiis Honorii et Mariæ, v. 235.