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disent les contemporains, ainsi que le reste des choses humaines ; la pacifier, c’était l’éteindre ; ensuite il s’entoure de poëtes, mais ces poëtes ont fait leur éducation au milieu des guerres civiles et ont grandi au bruit des armes de Philippes et d’Actium. Plus tard les Médicis recevront la littérature italienne, toute frémissante encore des passions guelfes et gibelines, tout émue du souffle de Dante, ils la laisseront endormie pendant trois siècles au pied des femmes. Louis XIV prend un siècle encore tout bouillant des orages de la Ligue, tout retrempé aux généreuses erreurs de la Fronde, et il en commence un autre qui ira finir dans les antichambres des maîtresses et des favoris ; de sorte que tous ces patrons, tous ces Mécènes de l’âge d’or des littératures, ne font qu’élever un tombeau commun, un magnifique tombeau, sans doute, à la liberté et au génie.

À mesure qu’on avance dans les siècles de l’Empire, la servitude devient plus pesante et l’ombre plus épaisse. Cependant le règne des empereurs chrétiens, si accusés d’avoir hâté la décadence, rendit quelques inspirations aux lettres, parce qu’il rendit aux esprits quelque liberté. Nous trouvons chez un témoin non suspect, Symmaque, ce fait peu connu, que Valentinien, après le règne philosophique de Julien, rétablit la publicité des débats judiciaires, et un auteur païen le loue d’avoir mis fin au silence public. Sans doute, si l’éloquence avait dû renaître, c’eût été au milieu de cette lutte des tribunaux romains, où elle trouvait tant de grands souvenirs, et où le génie de Cicéron vivait encore ; mais elle