Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

funérailles, on voyait un certain nombre d’affranchis venir prendre place entre les citoyens, coiffés du bonnet de la liberté : voilà pourquoi il fallut distinguer plusieurs catégories différentes dans cette misérable condition servile, les deditii, qui ne pouvaient jamais devenir citoyens romains, et les Latins Juniens, qui ne le devenaient que dans certains cas. En même temps le sénatus-consulte Silanien, rendu sous Claude, avait déclaré que, quand un homme serait mort de mort violente, tous ses esclaves seraient mis à la torture. Tacite nous peint l’effroi et la stupeur de la ville de Rome, lorsqu’on annonça un jour qu’un sénateur étant mort de mort violente, ses quatre cents esclaves allaient être conduits à la torture[1]. Il était défendu de tuer un esclave, mais on pouvait le faire mourir à la question ; seulement on devait en payer le prix au maître[2]. Toutefois on lui devait la nourriture, et Caton nous donne un exemple de la manière dont un bon père de famille devait la régler. Voici la recette de Caton pour faire le vin à l’usage des esclaves pendant l’hiver. « Mettez dans une futaille dix amphores de vin doux, deux amphores de vinaigre bien mordant, et autant de vin cuit jusqu’à diminution des deux tiers avec cinquante amphores d’eau douce. Remuez le tout ensemble avec un bâton pendant cinq jours consécutifs ; après quoi vous y ajouterez soixante-quatre setiers d’eau de mer[3]. »

  1. Tacit., Annal., l. XIV, c. xlii et seqq.
  2. M. Wallon, Hist. de l’esclavage dans l’antiquité, t. II, p. 180
  3. Cat., de Re rustica, I, cix.