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la vérité, pour loi la charité et pour durée l’éternité[1] »

Assurément voilà un langage admirable. Augustin ne songe point à composer une œuvre parfaite selon les préceptes des rhéteurs : il n’est occupé que de convaincre Volusien et de forcer les résistances d’une âme qui, pour se rendre, n’attend peut-être qu’un dernier assaut. Cette espérance le jette dans la dispute ; du premier coup il va jusqu’au fond du sujet, et il en fait jaillir la première pensée de la Cité de Dieu. Nous sommes en 412, et les vingt-deux livres de la Cité de Dieu, commencés l’année suivante, interrompus, repris durant quatorze ans, ne s’achèveront qu’en 426. Augustin ne fera qu’y développer la doctrine de cette lettre dont il ne depassera pas l’éloquence. Ainsi naissent les livres immortels, non du rêve orgueilleux d’un homme qui aime la gloire, non du loisir et de la solitude, mais de l’effort d’un esprit qui, poussé dans les luttes de son temps, a cherché la vérité et a trouvé l’inspiration. Nous aurons lieu d’étudier plus tard la Cité de Dieu, d’en visiter toutes les parties, et d’y voir commencer une science inconnue des anciens, la philosophie de l’histoire. Mais nous devons dès à présent nous arrêter au pied de ce monument, le plus grand qui ait été élevé à la réfutation du paganisme. Le plan qu’Augustin s’y traça lui donna lieu d’attaquer et de détruire successive-

  1. Volusianus Augustino, inter Augustin ! Epist. 135 ; Marcellinus Augustino, epist. 136 ; Augustinus Volusiano, epist. 137 ; Marcellino, epist. 138.