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Lorsqu’en 404 Honorius visita Rome pour y célébrer son sixième consulat, le poëte Claudien, chargé de complimenter publiquement l’héritier de tant d’empereurs chrétiens, l’invitait à considérer les temples qui entouraient le palais impérial comme d’une garde divine : il lui montrait le sanctuaire de Jupiter Tarpéien couronnant le Capitole, de toutes parts les édifices sacrés montant dans les airs et faisant planer tout un peuple de dieux sur la ville et sur le monde[1]. N’accusons pas le poëte d’avoir rehaussé de ses hyperboles l’éclat du polythéisme éteint. Quelques années plus tard une description topographique de Rome, dénombrant les monuments épargnés par le fer et le feu des Goths, compte encore quarante-trois temples, deux cent quatre-vingts édicules. Le colosse du Soleil, haut de cent pieds, s’élevait auprès du Colisée où avait fumé le sang de tant de martyrs. Les images d’Apollon, d’Hercule, de Minerve, décoraient les places et les carrefours. Les fontaines continuaient de couler sous l’invocation des nymphes[2]. Les temps passent, des temps que le christianisme remplit de son esprit, les temps de saint Augustin et de saint Jérôme, et, en 419, sous Valentinien III, Rutilius Numatianus célèbre encore la ville

  1. Claudien, de Sexto Consulatu Honorii, vers. 43.
  2. Descriptio urbis Romæ, quæ aliquando desolata, nunc gloriosior piissimo imperio restaurata, incerto auctore qui vixit sub Honorio vel Valentiniano III.