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« Celui qui compterait tes trophées pourrait dénombrer les étoiles. Tes temples étincelants éblouissent les yeux… Dirai-je les fleuves que t’apportent des voûtes aériennes… et les lacs entiers versés dans tes bains ? Dirai-je les forêts emprisonnées sous des lambris et peuplées d’oiseaux mélodieux ? Ton année n’est qu’un printemps éternel, et l’hiver vaincu respecte tes plaisirs. Relève les lauriers de ton front, et que le feuillage sacré reverdisse autour de ta tête blanchie ! C’est la tradition de tes fils d’espérer dans le péril, comme les astres qui ne se couchent que pour remonter. Étends, étends tes lois ; elles vivront sur des siècles devenus romains malgré eux ; et, seule des choses terrestres, ne redoute point le fuseau des Parques. »

Porrige victuras romana in saecula leges,
Solaque fatales non vereare colos.[1].

Messieurs, ceci est très-beau, et, ce qui vaut mieux, très-vrai. L’ancien magistrat romain, avec la pénétration d’un jurisconsulte, a vu que Rome, trahie par les armes, continuerait de régner par les lois ; et, toute païenne qu’elle est encore, sa foi dans sa patrie ne l’a pas trompé.

Sidoine Apollinaire n’a plus du paganisme ni la croyance ni le nom ; mais il en a l’éducation et les habitudes d’esprit. Chrétien comme Ausone, mais élevé comme lui à l’école des grammairiens et des rhéteurs de la Gaule, il ne peut construire un hexamètre, en-

  1. Rutil. Numat. Itiner., l. I, v. 133.