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des gens, aux lois des Douze Tables l’édit du préteur, les réponses des jurisconsultes, les constitutions des princes ; introduisant enfin dans le conseil impérial les plus fermes esprits et les plus ingénieux, Gaius, Ulpien, Papinien, afin de tempérer les rigueurs de l’ancienne législation. Mais le débat durait depuis huit siècles, et la victoire de l’équité ne pouvait se déclarer que par le triomphe du christianisme. Il ne fallait pas moins qu’une foi nouvelle pour porter les derniers coups au culte des vieilles lois, pour enhardir Constantin à décréter l’émancipation civile des femmes, la peine de mort contre le père meurtrier de son fils, contre le maître meurtrier de son esclave, pour arracher enfin à Valentinien III et à Théodose II cette belle déclaration : « que le prince est lié par les lois. » Cette courte parole marque cependant la plus grande révolution politique qui fut jamais : elle fait descendre le pouvoir temporel à une place moins haute, mais moins périlleuse ; elle inaugure le principe constitutionnel des sociétés modernes. Et c’est en effet le droit romain, réformé par les empereurs chrétiens, qui survivra à la ruine de l’empire, pénétrera chez les barbares pour les subjuguer peu à peu, et méritera cet éloge de Bossuet, « que le bon sens, qui est le maître de la vie humaine, y règne partout, et qu’on ne vit jamais une plus belle application de l’équité naturelle. »

Mais la couronne de la société païenne, l’incomparable éclat dont elle rayonnait, c’était l’éclat des lettres. Sans doute Rome ne connaissait plus l’inspiration des