Page:Ovide - Les Amours, traduction Séguier, 1879.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
LES AMOURS

Un cœur de roc, d’airain, ne fut pas ton partage ;
Les préjugés sont nuls pour toi.
Cupidon dans ses rangs dut te compter, je gage :
Défends donc ta bannière en moi.
Ah ! dis-lui que l’espoir d’une nuit me ravive !
Sous ce pli le reste est noté.
Mais l’heure fuit.. remets au plus tôt ma missive ;
Fais qu’on me lise en sûreté.
Remarque alors ses yeux, observe son visage ;
Il peut parler, quoique muet.
Obtiens d’elle en retour une brûlante page :
J’exècre un court et froid billet.
Qu’elle serre les mots, que son âme s’épanche
Dans le plus long des entretiens.
Mais pourquoi du stylet fatiguer sa main blanche ?
Il me suffit d’un seul mot : « Viens. »
Et pour Vénus alors je fleuris mes tablettes,
Et, dans son temple, au bas j’écris :
« Vénus, de mon bonheur à toi ces interprètes,
Naguère encor feuillets sans prix. »