Page:Ovide - Les Amours, traduction Séguier, 1879.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
OVIDE

Si ton nom valait en ce monde :
Je ne t’en sais aucun… empruntée est ton onde ;
Tu n’as ni sources ni palais.

Ta source, c’est la pluie ou la neige fondue,
Présents de la froide saison.
L’hiver, tu n’es qu’un cours surchargé de limon,
L’été, qu’une aride étendue.
Quel voyageur alors, à ta coupe buvant,
Put dire : « A jamais qu’on t’honore ! »
Tu vas, rude aux troupeaux, aux champs plus rude encore :
Les plaint-on, je me plains avant.

Fou ! je lui racontais les tendresses des Fleuves ;
J’ai honte à ces grands noms cités.
Comment, à voir sa mine, Inachus, Nil vantés,
Vous ai-je évoqués comme preuves ?
Récolte, vil torrent, pour prix de mes épreuves,
Des hivers secs, de secs étés !