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213. Histoire de l’organisation internationale.


On chercherait vainement dans l’antiquité les traces d’une organisation internationale véritable. L’Unité sociale, politique et administrative principale était la Cité. Les cités n’avaient guère entre elles des rapports administratifs étroits, des organisations communes. Les amphyctionies ou confédérations des villes grecques étaient religieuses, de même les premières confédérations des Villes du Latium, La guerre et la religion étaient les seuls moyens par lesquels s’établissaient des rapports entre les peuples voisins. L’empire d’Alexandre fut le pur produit de la Conquête, une sorte d’association politique fondée sur la force des armes avec astreinte a certaines contributions, nullement basé sur la notion de collaboration administrative. Il en fut de même des empires des Assyriens, des Mèdes, des Arabes, des Mongols.

L’Empire romain fut un empire universel, mais il ne réalisa pas l’organisation internationale. Il se borna à une centralisation administrative par le moyen de fonctionnaires, collecteurs d’impôts et chefs militaires, ayant pour souci les intérêts de la métropole et le leur. L’empire romain fut comme empire universel, le rassemblement sous un seul sceptre de presque tous les peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique, la plus grande force de conquête et d’organisation politique que le monde ait jamais vue. Les peuples de l’Italie, les cités et les côtes de la Méditerranée, l’Asie mineure et l’Asie antérieure, la Syrie et la Phénicie, l’Égypte et l’Afrique septentrionale, l’Espagne et les Gaules, la Germanie du Danube au Rhin : Rome a tout vaincu et tout conquis. Partout l’autorité du peuple romain, son droit, sa langue, ses mœurs. Ses empereurs « Imperator » concentrent dans leurs mains toutes leurs forces et tous les pouvoirs, de tribun et de pro-consul, de préfet de mœurs et de grand-prêtre. (R. Didon.) Aussi dans le monde jamais la puissance politique n’avait-elle réalisé une œuvre aussi vaste. Cette unité toute matérielle et administrative, cette fusion de presque tous les peuples de l’Univers connu est un travail de géant. Quel art de vaincre et d’annexer, de coloniser et d’assimiler, de temporiser et d’user, d’organiser la victoire et d’exercer la tolérance pour mieux asservir. Quand Rome ne peut faire d’un état conquis une province, elle lui impose une sorte de vasselage ; à défaut de gouvernements elle se contente de rois indigènes habilement choisis. Elle exige le tribut forcé ou volontaire. Mais le monde antique, à la différence du monde moderne, était plus pauvre, moins instruit, moins peuplé et produisait moins (Ferrero).

Le Christianisme groupa les peuples d’Occident dans une pensée, dans un culte unique ; les Croisades les rapprochèrent dans une action commune contre l’Orient Musulman ; la Papauté exerça souvent entre