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ques, juridiques, biologiques, proposées aux peuples par les plus grands puissants génies[1] » (Izoulet).

203. Méthode des sciences sociales.


Le trait caractéristique de la science depuis le milieu du XIXe siècle est une recherche attentive de l’enchaînement des faits, de la continuité des phénomènes : il domine dans les sciences morales et sociales comme dans les sciences naturelles.

La recherche scientifique suit généralement trois phases. Elle commence par des généralisations imparfaites et superficielles qui se rapportent aux phénomènes dans le cours de leur évolution. Elle examine ensuite les formes spécifiques que prennent le phénomène dans le cours de leur évolution. Elle s’élève ensuite à la recherche positive des lois synthétiques qui régissent les phénomènes eux-mêmes dans leurs manifestations universelles. Ainsi à une synthèse statique enfantine fait place une analyse dynamique approfondie, de laquelle, et grâce à laquelle seulement, on s’élève ensuite à la synthèse scientifique et positive, statique et dynamique en même temps, qui constitue le couronnement et le sceau de l’investigation. Ainsi les mathématiques, les sciences naturelles ; ainsi la sociologie, ainsi l’économie (Achille Loria).

Parmi les méthodes applicables aux sciences sociales, il en est deux sur lesquelles il convient d’insister : la méthode rationnelle et la méthode statistique.

En partant de l’idée que le déterminisme est le conditionnement d’une chose par une autre, la raison déterminante peut être soit logique ou rationnelle, soit efficiente et causale. On distingue en effet deux sortes de déterminations : l’une logique et de conséquences, l’autre causale ou de production. À ces deux déterminismes correspondent

  1. La littérature de la sociologie est fort développée. Voici l’indication de quelques ouvrages de première importance :
    xxKidt, Social évolution. — Spencer, Principle of sociology. — Ward, Dynamic Sociology ; Outlines of Sociology. — Flint, Philosophy of history in Europe (1874). — Gidding, Principles of Sociology (1896). — Sidgwick, Elements of politics, (1901). — Leroy-Beaulieu, L’État moderne et ses fonctions. — Pattes, The theory of Prosperity. — Tarde, La logique sociale (1895), les Lois sociales (1898), les lois de l’imitation (1895), Psychologie économique (1902). — G. de Greef, Introduction à la sociologie (1902). — E. Durckheim, La division du travail social (1893), Les règles de la méthode sociologique (1896). — G.-E. Waxweiler, Esquisse d’une sociologie. — R. Worms, Les principes biologiques de l’évolution sociale ; Philosophie des sciences sociales. Voir aussi les études de sociologie criminelle de Lombroso, E. Ferri, Rossi, Tarde. — Il parait plusieurs grandes revues de Sociologie. — Des chaires de sociologie ont été créées depuis une vingtaine d’années. Un institut de sociologie a été créé à Bruxelles (Institut Solvay). L’Institut international de sociologie a été fondé pour grouper les efforts des sociologues du monde entier.