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h) Facteurs juridiques : Le Droit, vaste système coordonné de principes et de règles explicitement définis, élaboré au fur et à mesure des besoins constatés pour servir de solide armature au processus de la vie de relation. i) Facteurs politiques : La Politique, ensemble des aspirations et des objectifs des collectivités (associations, partis, nations, états) que forment les hommes et pour la réalisation desquels doivent être mis en œuvre tous les moyens existants.

Toutes ces disciplines concentrent et synthétisent les grandes données permanentes que la guerre est venue momentanément troubler mais que la crise adaptera aux conditions nouvelles. En y rattachant les faits du présent c’est une véritable sociologie internationale dont nous avons pu tracer et remplir partiellement les cadres. Nous avons amplement justifié pour elle l’existence d’un objet propre. Elle possède aussi un point de vue théorique, un principe capable de synthétiser toutes ses données, et, au point de vue pratique, un problème à la solution duquel puisse tendre leur application,

4. La sociologie internationale possède un principe de synthèse des faits. En effet les données que nous avons classées ne sont chacune que des parties, des aspects de la même réalité, une et vivante : la Société. Elles sont liées entre elles, juxtaposées et hiérarchisées d’après deux ordres de rapport. D’abord les relations entre toutes les catégories de faits sociaux, ethniques, économiques, culturels, etc. nous paraissent comme celles des étages d’une pyramide ou d’un cône. Au sommet de celui-ci est placer la Politique : tout y aboutit et d’elle s’exerce l’influence vers le bas. Chez elle s’élabore et se réalise la volonté collective, selon des idéals et des programmes conditionnés par la nécessité d’une adaptation constante aux circonstances nouvelles du milieu. Ensuite les faits de chaque catégorie ont chacun des aires graduées d’expansion, étant locaux, régionaux, nationaux et enfin mondiaux. Ils sont enveloppés les uns par les autres en des cercles concentriques dont le plus central forme l’aire des faits mondiaux. Ceux-ci sont les plus généraux de tous, car ils sont en quelque sorte le prolongement et les combinaisons des autres, et, bien que produits par eux, après élaboration propre ils réagissent sur eux et ils leur commandent. Les relations ici se hiérarchisent de la périphérie au centre. Il y a, nous l’avons vu, une histoire et une économie mondiales, faite de toutes les histoires et de toutes les économies nationales, une culture, une morale, un droit et une politique mondiale, constituées de la même manière. Divisons en étage le cône de tantôt (le cône n’est qu’une pyramide dont le nombre des côtés est illimité). Nous aurons ainsi des cercles concentriques (locaux, nationaux, mondiaux) à chacun des étages, qui correspondent à nos neuf ordres de faits et aux sciences correspondantes. Une telle figure nous fait nettement percevoir les rapports en toutes directions entre toutes ces données. La po-