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CONCLUSIONS




Les diverses parties de ce livre contenant déjà leurs conclusions particulières, nous nous bornons ici à quelques conclusions tout à fait générales sur l’internationalisme, la sociologie internationale, les causes de la guerre et les conditions corrélatives d’une paix durable, sur l’avenir.

41. Sur l’internationalisme.

1. À la veille des hostilités, il s’était opéré presque partout des transformations profondes dans la mentalité publique. L’étranger avait passé d’être considéré comme l’ennemi. La richesse nationale était définitivement fondée sur le travail et sur l’échange. Aux produits, aux hommes, aux idées, les frontières ne faisaient plus obstacle. Le commerce mondial chiffrait par près de 200 milliards, devenait aussi important que le commerce extérieur. Les voyageurs et les émigrants atteignaient des millions. La pensée imprimée, les découvertes scientifiques, les œuvres d’art comme les sites pittoresques de la nature étaient devenus un patrimoine commun. C’étaient là des faits, les faits produits par l’activité libre et spontanée des individus. Ils faisaient naître une aspiration : donner une structure définitive et amplificatrice à la vie ainsi universalisée ; défendre la ruche humaine contre les cataclysmes sociaux par une solide armature de droit ; réaliser la Société des nations décrite par les poètes et les penseurs, lui faire prendre la forme tangible d’institutions et d’organes internationaux.

2. La guerre est venue bouleverser cet état de chose. Universelle par son étendue, sa durée, sa répercussion dans toutes les sphères d’activité, elle n’est vraiment comparable qu’aux plus grandes révolutions. La société tout entière et dans tous les sens est soumise aux forces de transformation et d’adaptation, agissant derrière l’attaque et la défense. En apparence la lutte se poursuit entre deux groupes combattants.