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diplomatie n’y règne pas en souverain. Des hommes politiques, des jurisconsultes, des hommes de science, des hommes d’affaires, doivent y introduire aussi leur esprit à eux. Les nationalités dont le sort sera décidé devront pouvoir faire entendre leur voix. Les grandes associations internationales devront être représentées au moins ad audendum.

Les Parlements nationaux devront, pendant toute la durée des sessions, contrôler, appuyer, diriger les travaux de leurs délégués nationaux. Dans la ville même où auront lieu les assises, les forces organisées de l’opinion internationale devront avoir leurs représentants permanents et organiser des réunions et des discussions. Car le congrès, loin de travailler dans une atmosphère d’isolement, devra, au contraire, sentir s’agiter autour de lui toutes les grandes passions, toutes les grandes idées suscitées par la guerre. Quelque chose de l’âme des peuples devra l’animer lui-même pour qu’il puisse enfanter vraiment l’œuvre grande attendue de lui

4. L’œuvre du Congrès, répétons-le, devra consister avant tout à donner une organisation rationnelle et stable aux relations internationales, à fonder la société des nations à la doter des institutions nécessaires à son fonctionnement normal, sur les hases possibles et pratiques que nous avons examinées dans cet ouvrage. Toute son œuvre, pour s’imposer aux esprits autant qu’aux volontés, doit tendre à prendre la forme d’une Charte mondiale

5. Mais semblable congrès ne peut s’improviser. Il doit être préparé dès à présent. a) Il est un travail officiel. Les chancelleries des belligérants bien qu’occupées du travail régulier des incidents quotidiens s’en sont préoccupées déjà. Dès à présent dans tous les pays, les gouvernements devraient charger des commissions officielles de rechercher les bases du futur traité et en même temps de préciser les objectifs de la guerre. b) Un rôle de préparation est aussi imparti aux États neutres, qui devraient s’entendre entre eux à cet effet. c) Il est en dehors de l’action officielle, tout un travail d’études, un véritable travail scientifique qui doit être entrepris avec le but de constituer les dossiers du Congrès. Ce travail incombe aux spécialistes et les associations internationales ont ici un rôle éminent à remplir car ces questions ont pour la plupart été étudiées par elles avant la guerre. Il leur incombe de reviser leurs travaux antérieurs et de les mettre au point de faits nouveaux. Parmi les associations il en est de plus directement intéressées que d’autres aux solutions futures : celles des juristes, des économistes, des socialistes, des ouvriers, des hommes d’affaires, des églises. d) L’opinion publique doit être préparée. Il ne s’agit de la saisir ni du moment, ni du comment de la paix, mais bien de son contenu. Au fond, les peuples savent à peine comment ils ont été amenés à se battre et quels sont les objectifs de la victoire. Il y a toute une formation des mentalités à faire, une conscience à rendre claire, chez les masses, du processus dans