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Conclusions.

1° La mise en mardis ordonnée de ces millions d’hommes avec tout ce que suppose leurs approvisionnements, leurs armements, leurs transports, nécessite une organisation qui est une véritable merveille au point de vue sociologique. La concentration d’une part, la division du travail ont été en s’accentuant : répartition entre les ministères de la guerre et les grands États ; création de ministères spéciaux pour les munitions et le service de santé ; chez les alliés, création d’un office central international des munitions veillant à une meilleure utilisation des existences, etc. La conduite de la guerre démontre ainsi la possibilité d’obtenir de l’organisation de meilleurs rendements. Cette démonstration saura servir, il faut l’espérer, pour la conduite de la paix.

2° Ces méthodes de guerre ont une importance capitale pour le présent, mais aussi pour l’avenir. Une fois inventées, elles sont acquises pour toujours. Et, de même que dans l’industrie telle invention, tel procédé révolutionnent à jamais la production et entraînent derrière elles des modifications corrélatives dans la consommation dans la distribution, dans les modes d’échange, de même les inventions militaires retentissent sur tout le devenir politique. Nous ne pouvons plus concevoir de guerres futures qui n’obligent à la mise sur pied de tous les hommes valides à la défense de fronts immenses, à l’englobement direct des civils dans la guerre, à l’extension de théâtres d’actions à tout un continent, à toutes les mers, par contre-coup peut-être aux terres qui sont au delà.

3° La guerre n’est plus la marche en avant d’un corps expéditionnaire ou le combat décisif livré sur un seul champ de bataille. Il faut la considérer désormais comme un cataclysme national et, par ses conséquences, comme un cataclysme mondial.

14. EFFETS DE LA GUERRE



Le conflit gigantesque, décisif, met en cause le patrimoine moral et intellectuel des siècles écoulés, le trésor idéal des âmes libres, les acquisitions matérielles du progrès humain et l’avenir même du monde moderne. Certes, si l’on réussissait à faire le bilan des souffrances et des jouissances que la guerre procure à la masse des hommes, celles-ci seraient exprimées par une fraction insignifiante, celles-là par une quantité incommensurable.

141. Le dommage humain.


La vie humaine reçoit des atteintes profondes : mort, blessures, maladies, épidémies consécutives à la guerre. Les pertes en hommes