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faisaient contre-poids, se consultaient, se limitaient, et chacun d’eux, par l’intercession, possédait le droit d’annuler les actes illégaux d’un collègue. Un élément de modération était aussi la courte durée du mandat. — D’autres cas de collégialité existaient, dans les cités du moyen âge, en France, et sous le Consulat dans ce même pays. — Récemment le congrès de l’Uruguay a entrepris la révision de la Constitution pour y substituer le « Gobierno colegiado », au gouvernement personnel. Ce gouvernement serait constitué par un « momumvirat » c’est-à-dire que les ministres du système actuel deviendraient autant de présidents, chacun d’eux ayant alternativement pour un an la délégation de la fonction et de la dignité présidentielle devant les puissances. — Au lieu de confier le Conseil des États à une représentation diplomatique, on pourrait le confier à une délégation élue par les divers parlements. C’est le système des délégations de la monarchie austro-hongroise que désignent le parlement de Vienne et de Budapest.

2. Le Conseil dès États serait chargé de mettre en mouvement tout le mécanisme de l’organisation internationale. Il n’aurait d’autre pouvoir cependant que ceux que lui attribueraient formellement la charte et les lois internationales portées en vertu de la charte même. Il participerait à la confection des lois internationales, en préparant le projet avec l’aide de ses offices, en sanctionnant et promulguant les lois votées par le parlement. Il pourrait convoquer le Parlement international, lequel d’ailleurs se réunirait lui-même, quand il le jugerait bon. Il participerait à la fixation de l’ordre du jour de ses travaux et y défendrait ses projets. Le Conseil représenterait l’autorité internationale tout entière vis-à-vis des États, commanderait les forces de police internationale et administrerait tous les intérêts communs dont la charge lui aurait été confiée. Il pourrait choisir à cet effet parmi ses membres ou en dehors une délégation qui formerait une sorte de ministère international, dont relèverait toute l’administration internationale, répartie aujourd’hui entre de nombreuses unions et offices sans lien les uns avec les autres. — Mais on s’efforcerait de veiller sur la réelle compétence personnelle des membres de ce Conseil : un pouvoir quelconque, quelque solide qu’il soit, fut-il même divin, ne peut s’exercer et se faire reconnaître pleinement que lorsqu’il est représenté par des hommes de mérite.

353. Historique de la Conférence des Ambassadeurs.


1. Pendant le règlement de l’affaire des Balkans, l’organe du Concert européen était la Conférence des Ambassadeurs réunie à Londres. Cet organe s’est formé tout naturellement dans le but de simplifier la procédure des échanges de vues entre les puissances. Les circonstances qui ont préparé sa constitution, les longues négociations de la paix, la révolution turque, lui ont donné une importance considérable. Il a